Les moments forts

2 ans et demi de voyage, il s’en est passé des choses… Voici une sélection des meilleurs moments. Certains apparaissent dans le blog, tous sont dans le livre…

 

Pour mon dernier jour à Rio, nous cherchons un plan pour faire la fête avec mon couchsurfeur André et ses colocs. Sur la plage, il voit un mec assis sur un instrument traditionel brésilien, une sorte de caisse, et lui demande la permission de l’utiliser. André s’assoit et commence à taper en rythme sur la caisse en chantant un classique brésilien. Tous les yeux se tournent vers lui, les sourires se dessinent, les gens s’approchent. Trois filles un peu plus téméraires commencent à danser. Petit à petit, les gens se joignent à nous et nous sommes bientôt une vingtaine à danser autour d’André. La fête est lancée.

Je suis bien au Brésil…

Après deux semaines intenses à Rio je suis invité chez Léandro à Piquete, un petit village dans les montagnes au Nord de l’état de Sao Paulo. D’incroyables paysages, des pick-ups, des mecs aux chapeau de cowboy… Un étrange mélange entre la Sardaigne et le far-west.

Motivé par Gabriela à qui j’ai raconté mes voyages, je décide de lui montrer comment faire de l’autostop. Grand soleil, route de vacance, des conditions idéales. C’est Jorge, un camionneur qui va à Paraty pour livrer du matériel de construction qui s’arrête au bout de dix minutes. Ca tombe bien, nous aussi on va là bas…

Déçu par ma visite guidée de Libertade, le quartier japonais de Sao Paulo, où j’avais l’impression d’être un mouton à qui on disait de tourner la tête, je décide d’y revenir le jour même en « mode rencontre ». Dans un café, je commence à parler avec le mec à ma droite. On fait connaissance et ô surprise, comme moi c’est un passionné de poker. En dix minutes, nous sommes devenus les meilleurs amis du monde, et au bout d’une heure, nous sommes tous les deux complètement bourrés. Le genre d’amitié fugace qui n’existent qu’au Brésil.

https://worldpokertrip.net/une-semaine-a-sao-paulo/

– Je suis en train de faire le tour du Monde

– Legal ! (cool!)

– Je voyage en sac à dos et en autobus

– Ohhh ! Que legaaal !

– Je fais du couchsurfing, je n’ai pas dormi à l’hôtel depuis un mois

– Waaaaaaaaaa , que legaaaaaaal!

– Je finance mon voyage en jouant au poker, et oui, ça marche

– Wahouuuuuu

  Brouhaha intense, deux élèves pleurent de joie, trois autres m’offrent des colliers de fleurs, des militaires dans la rue tirent des coups de canons, et moi, au bout de la deuxième « leçon », je quitte l’école tellement gonflé de fierté qu’une piqure de moustique m’aurait fait exploser.

Je suis dans le centre-ville de Ciudad del Este, la ville à la frontière du Brésil/Paraguay/Argentine, lieu de tous les traffics possibles et imaginables. Il est 16h et la nuit commence à tomber. Les marchands rangent leur stand et subrepticement, sans que je comprenne vraiment comment, je sens la tension qui commence à monter. Des gardes armés avec le fusil à pompe et le regard dur, des rues à la fois bondées, et incroyablement silencieuses. La nuit tombe, et pour la première fois de ma vie de baroudeur, je flippe…

https://worldpokertrip.net/dans-lenfer-de-ciudad-del-este/

 

« Tu vas vraiment acheter une moto » me dit Richard, mon couchsurfeur avec l’air de celui qui dit « putain mais il va le faire ce con ». J’ai gagné pas mal d’argent au Brésil, pourquoi ne pas m’offrir un cadeau? Quelques jours après mon arrivée au Paraguay, me voila en possession de ma nouvelle bécane chino-paraguayenne ! Parkinson, ma tremblante moto, toi et moi on va faire le tour du monde…

https://worldpokertrip.net/dans-lenfer-de-ciudad-del-este/

Jamais je n’aurais cru que moi, le mec cool et posé, je me mettrais à sortir cinq soirs par semaine. Mais la nightlife d’Asuncion est étonnamment attrayante, et je reprends petit à petit le doux rythme du bar/boite/hamburguesa que j’avais connu lors de mes années étudiantes.

L’une des parties les plus incroyables de toute ma vie. Des freres bresiliens sympas, un paraguayen au fond du trou, une chinoise hilare, un vieux docteur qui passe le temps, un egyptien mefiant. Une salle enfumee, du whiskey, des minijupes et des dialogues a la Audiard…

J etais dans un film…

https://worldpokertrip.net/pourquoinousjouons/

Je viens de quitter Lauri, lundi, deux heures du matin, il fait un peu froid et Asuncion, cette ville habituellement bruyante et congestionnée, est complètement déserte. Je roule sur le périph, mon sac à l’arrière, à 120 à l’heure. Peu à peu l’amertume des adieux s’évapore dans la vitesse.
Je réalise que désormais, je suis seul, et que je ne dépends plus de personne. Le poker m’a offert la possibilité de faire ce que je veux, désormais la moto me permets d’aller où je veux. Je peux  m’arrêter, repartir quand bon me semble, je suis affranchi de toutes les contraintes qui pesaient sur moi lorsque j’étais en France.

Et je sens quelque chose monter dans mon ventre, dans ma tête, dans tout mon corps. C’est une satisfaction à la fois intellectuelle et physique. Un sentiment de puissance incroyable, sourd, omniprésent.
J’accélère au maximum, je me sens invincible. Immortel.
De ma vie entière, je n’avais jamais éprouvé un sentiment aussi intensément.

La liberté.

Avant de nous séparer, Leti a voulu me montrer un endroit à Aregua, une petite ville à une dizaine de kilomètres d’Asuncion. Nous débarquons à la Casa Amarilla, l’ancienne demeure d’un président paraguayen reconverti en résidence pour artistes. Je tombe immédiatement amoureux de l’endroit, et y dort le soir même. Je cherchais un endroit pour avancer dans mon écriture, le voici!

( ps :  j’ai appris cette semaine (décembre 2013) que la Casa Amarilla ferme ses portes. Je suis parait-il le dernier « artiste » qui y a a été hébergé)

On m’avait annoncé les pires embrouilles avec les douaniers argentins, ces monstres avides de « propinas » (dessous de table). En tamponnant mon passeport, je m’attends au pire. Et quand le mec me dit que je peux y aller, je reprends circonspect la moto, démarre, m’attendant à entendre un girophare, mais non, rien… Je viens de passer ma première frontière en moto. Je suis en Argentine!

Je viens de passer le dernier village avant une vingtaine de kilomètres quand je vois soudainement que le réservoir de Parkinson goutte et que l’essence tombe directement sur le moteur brulant… Pas question de continuer dans ces conditions, surtout que la nuit arrive. Je reviens sur mes pas, trouve miraculeusement un magnifique hotel à quelques minutes. Le lendemain, en allant faire des réparations, je discute avec le vendeur de pièces de motos, Franco, qui me propose de m’héberger pour la nuit. Je resterai une semaine chez lui avec sa famille.

Il fallait bien que ça arrive un moment… Avant mon arrivée à Santiago del Estero, il commence à pleuvoir, et la route se transforme instantanément en une piste affreusement glissante et sale. A mon arrivée à Santiago quelques heures plus tard, épuisé mais heureux d’être en un seul morceau, Parkinson et moi ne formons qu’une masse uniforme couverte de boue.

Au casino ils m’avaient prévenus « Tu pourrais aller au cercle syrio libanais, mais ca joue fort la bas ». Pff, tranquille. Après une série de dix victoires d’affilée, je suis intouchable… Une bonne leçon. En deux sessions, je perds une somme absurdement élevée, l’équivalent de tout ce que j’ai gagné quelques semaines plus tôt au Paraguay.  Broke!

https://worldpokertrip.net/broke/

 

Serais-je tombé aussi rapidement dans les bras de Carla si je n’avais pas été aussi affecté moralement par ma déroute au poker quelques jours plus tôt? Difficile à dire, mais toujours est-il que je me souviendrai toute ma vie du 4 juillet 2013, le jour où nous sommes partis tous les deux en virée à Tafi del Valle.

https://worldpokertrip.net/pourquoinousvoyageons/

 

Une couchsurfeuse m’avait dit « peut être tu devrais aller voire à la Sociedad Espanol, c’est possible qu’on y joue au poker ». Je suis arrivé dans leur resto, et effectivement, il y avait une table dans l’arrière salle, avec tout ce que la ville compte d’avocats, de juges et autres notables voulant jouer de grosses sommes discrètement et entre soi… J’y ai fait la plus grosse session de tout mon voyage, et certainement la nuit poker la plus folle de ma vie…

https://worldpokertrip.net/motoboulotdodo/

A Jujuy, je suis hébergé par une Mendozina, Cecilia. Avec elle, ses copines et son pote Nestor, nous partons un weekend en rando, refuge, cascades & co dans la magnifique nature de la région. Bons moments et discussions sous les étoiles…

Depuis Jujuy, j ai traversé la Quebrada de Humahuaca, une sorte de grand canyon argentin, fait un detour sur piste jusqu a Iruya, un village perdu au milieu des montagnes au bout d’un chemin magnifique, me suis pelé a dormir en tente a Itumbe, puis j ai traversé sur 100 km de ligne droite un desert de pierre a 3500 m d altitude jusqu’à La Quiaca. Après 3 jours de repos, j’ai traversé la frontière bolivienne et roulé pendant deux jours dans l’Altiplano, cette incroyable zone montagneuse à plus de 4000 mètres, dormi dans un village, et suis enfin arrivé à Tarija, épuisé et malade, mais conscient d’avoir  achevé tout simplement la plus belle ballade de toute ma vie…

Il débarque chez mon couchsurfeur, on commence à parler, et il me raconte sa vie incroyable d’ancien mineur reconverti en dealer, puis de taulard dans les horribles prisons boliviennes, et son changement de vie total à sa sortie. Puis il prend sa guitare, et me fait la même histoire en chantant. Un Mano Solo bolivien.

Villamontès ne devait être qu’une étape sur la route de Santa Cruz, mais c’était sans compter sur la rencontre de ces deux frères coiffeurs qui me proposent de passer un peu de temps avec eux. Je partage leur quotidien fait de poisson grillé, de vin/fanta, de drague et de coupes de cheveux. Le soir, ils m’emmènent chez eux, et je passe ma première nuit dans un bidonville. Pas d’eau, pas d’électricité, mais je peux actualiser mon statut facebook… Allez comprendre.

la journee etait parfaite… je me balladais avec Thalia ma couchsurfeuse aux dunes de Santa Cruz en Bolivie. On etait deux, seuls au milieu de la nature, elle était belle, on avait laissé la moto un peu plus loin et j etais entrain de vivre l’une de mes plus belles journées de voyage.

Je ne me suis rendu compte de rien.J ai bien vu qu un mec s était approche, mais je n’ai pas vraiment fait attention, jusqu au moment ou il etait a cote de moi, son flingue sur ma tempe.

 » donne moi ton argent si tu ne veux pas mourir « 

Je ne voulais pas mourir. Pas après cette journée…

https://worldpokertrip.net/jeunesetimmortels/

Elle se plante face à moi, nous nous embrassons sur le bord de la route. Puis elle éloigne son visage et me gifle en un mot :

« Quedate » (reste)

Il n’y a pas de rire dans sa voix. Au contraire, son ton est trainant, tremblant, presque plaintif. Pour la première fois, elle me l’a dit avec sincérité, sans jouer. Ses yeux sont rouges et brillants. Je baisse les miens.

« Non, je ne peux pas. C’est trop tard. »

Elle m’enlace un moment, puis me lâche et part d’un coup, sans se retourner, pour que je ne voie pas son visage. Je la regarde s’éloigner, remonte sur Parkinson et m’engouffre dans les embouteillages.

A la sortie de la ville tombent les premières gouttes.

https://worldpokertrip.net/19-la-flojera/

Il fallait bien que ca arrive un jour… Après une incroyable soirée poker dans une partie clandestine des beaux quartiers de Cochabamba, les mecs me disent « on va pas te donner ton argent?

-euh pourquoi?

– (en substance) parce qu’on peut se le permettre. »

Et moi je fais quoi, seul en moto en Bolivie à Cochabamba, la ville des narcotraficants ? Je vais balancer à la police que j’ai joué une partie illégale et qu’on refuse de me payer? Je vais bruler leur maison? Non, je ravale ma fierté, et pars piteusement vers ma prochaine destination.

https://worldpokertrip.net/pigeonvoyageur/

Après une étape de 8h  en passant des cols a 4500m ( le Mont Blanc en moto, tranquille ), manquant de percuter un âne, des chiens, des troupeaux de moutons, j’arrive à la Paz par El Alto, la ville adjacente, à 4000 mètres. Un trafic insensé et surprise, à la sortie d’un péage, un panorama incroyable sur La Paz de nuit. Beauté inattendue.

Je rencontre Bitia, la soeur d’une couchsurfeuse, une psychologue qui écrit dans les magazines féminins. Les gens lui racontent leurs problèmes, elle répond. L’équivalent d’une Caroline Dublanche bolivienne. On passe quelques après-midi, soirées, matinées à se raconter nos vies dans des conversations qui n’en finissent plus. J’apprends que je suis un narcissique à tendance schizoide et histrionique. (ah en fait je le savais déjà…)

 

 

Le lac navigable le plus haut du monde, et Parkinson qui se fait un petit voyage en barque… Epique!

Jamais je n’aurais cru qu’en allant chercher un couchsurfeur français à Juliaca je tomberais sur une manif péruvienne… La route est bloquée sur 1 km avec des dizaines de barrages, des tessons de bouteille, des pierres, des pneus enflammés… Un moment, un mec me voit et crie « Turista!! ». Toutes les têtes se tournent vers moi, et ils commencent tous à crier « Turista!!! ». Oula, je suis pas serein là… On me previent que si j’avance plus loin, je vais me faire détrousser par les « rateros » (voleurs, je vous laisse deviner l’étymologie du mot).

Les manifs françaises sont connues dans le monde entier, le monde entier n’est pas allé au Pérou.

J’écoutais tranquillement du Charles Aznavour quand d’un coup la musique s’est arrêtée, mon portable était tombé de ma poche. Je me suis retourné pour voir où il était, mais j’avais oublié le petit détail : j’étais dans un virage. Sortie de route on ne peut plus débile. Je m’en tire sans une égratinure, mais Parkinson elle, n’a pas aimé. J’arrive à Arequipa de justesse le lendemain, en poussant la moto.  Une semaine de réparations…

J’ai perdu pas mal de temps à cause de ma chute, et la nuit est déjà entrain de tomber. Je n’aurai pas le temps d’arriver à Arequipa aujourd’hui, et je  m’arrête là où je peux. Imata, village/rue perdu sur un plateau venteux à 4500 mètres d’altitude fera l’affaire…

Je débarque dans la coloc d’Alberto et me retrouve dans le paradis des fêtards… Vendredi soir à l’appart nous sommes les 4 colocs, une argentine, deux mexicaines, deux péruviennes, trois francaises, un couple d’allemand, 5 mecs bourrés ramenés de la rue, et ça boit, ça crie,  ça chante et joue de la guitare jusqu’au lever du soleil…

Le seul endroit que je voulais voire à tout prix avant mon arrivée en Amérique du Sud. Avec Yanina à l’arrière de la moto, nous l’atteignons après deux jours d’aventure épuisantes mais incroyables.

 

En quittant Cuzco, je traverse pour la énième fois les Andes, cette fois-ci d’Est en Ouest. Après deux jours de route, j’arrive enfin dans la province de Nazca. Les derniers kilomètres à travers des montagnes désertiques au coucher du soleil sont absolument splendides, et font partie des plus belles arrivées de tout mon voyage…

Huit mois de voyage et la traversée de l’Amérique du Sud d’est en Ouest, j’en ai presque lâché ma petite larme en voyant cette immense étendue d’eau à la sortie du désert… Je suis arrivé à Puerto Lomas, un petit village de pêcheur ou je rencontre Andres qui me propose de m’héberger dans sa magnifique villa. J’y reste une délicieuse semaine à lire, écrire et me reposer.

Après ma semaine de repos, j’arrive à Lima plein d’énergie et déterminé à y gagner assez d’argent pour y financer la suite de mon voyage. Cinq jours par semaine, je suis au casino et ça se passe incroyablement bien. J’ai l’impression de jouer mieux que jamais, et d’atteindre un nouveau palier de compréhension. World Poker Trip saison 2… Me voila!

On est parti plein Nord sans rien planifier. Pendant cinq jours, c est l aventure totale, la romance, la surprise à chaque nouvelle rencontre… Se laisser porter par le vent, c’est mieux à deux.

Quand ils ont annoncé qu’ils allaient héberger un couple de touristes pour le nouvel an, je ne sais pas pourquoi j’ai eu un préssentiment. Et quand j’ai croisé le regard de l’une d’elle, et qu’elle m’a souri, je savais ce qui allait se passer. Entre une cinquantaine de touristes, c’est vers moi qu’elle a pointé sa lance. Elle s’appelle Carla, me prend par la main, m’emmène danser, et le soir, nous sommes invités avec Cecilia à passer le nouvel an dans sa communauté indienne. Et à voir l’envers du décor…

J’emmène Jackelyn en ballade et Parkison grille au milieu de nulle part. Nous avons planté la tente sur la plage, sorti un mauvais vin et fumé un pétard. Le lendemain, nous n’avions plus besoin d’aller plus loin, nous nous étions trouvés.