article précédent : 20. La flojera
Les premières heures de route sont difficiles. Je ne cesse de penser à Thalia, à nos adieux, à ce qu’il lui en a couté de me demander les yeux dans les yeux de rester. Une telle mise à nue de sa part, elle que je sais si fière, me remue profondément.
Je me sens lâche d’avoir été si égoïste et honteux d’avoir été si lâche.
Pendant les premières heures, je ralentis, hésite plusieurs fois à faire demi-tour. J’ai un très bon prétexte pour le faire puisque depuis quelques kilomètres il pleut averse. A mesure que mes vêtements se trempent et que mon corps tremble de froid, je sens ma détermination faiblir… Finalement, c’est un coup du sort qui va me distraire de mes tentations et me permettre de continuer. Pour la première fois de mon voyage, je crève.
J’ai à peine eu le temps de m’arrêter sur le bord de la route et de couper le contact qu’une moto s’arrête à côté de moi. Quand le conducteur relève sa visière, je découvre un jeune bolivien, le début de la vingtaine, typé indigeno (ainsi désigne-t-on au sens large en Amérique du Sud les populations natives qui sont restées non mélangées) visage joufflu et sourire sympathique. Pedro, intrigué par ma plaque d’immatriculation paraguayenne, a décidé de me donner un coup de main.
Pendant une heure sous le déluge, nous (ou plutôt lui seulement) changeons la roue et faisons connaissance. Pour le remercier, je l’invite à déjeuner dans un comedor de Samaipata à quelques kilomètres de là. Tout en mangeant je commence à lui raconter mes aventures. Au moment du café, le voila qui se livre lui aussi. Pedro a une histoire à la fois terrible et tristement classique en Bolivie. Ainé d’une famille de dix enfants, il a vu son père les abandonner un jour pour une femme plus jeune, laissant sa mère sans ressource s’occuper d’eux. Le père, sans honte, a déménagé dans un autre village, et a simplement décidé de ne plus revenir. Pedro a du arrêter ses études pour gagner de quoi nourrir sa famille. Il travaille le jour comme mototaxi, la nuit comme cuisinier, et visiblement trouve encore le temps de donner un coup de mains aux français qui crèvent sous la pluie… Humblement, il m’annonce que c’était dur les premières années, mais qu’il commence à voir le bout.
« D’ici un ou deux ans, ca ira beaucoup mieux »
Comment s’apitoyer sur son sort après avoir écouté ça ? Lorsque nous nous séparons un peu plus tard, la pluie a cessé, j’ai décidé de ne plus remuer mes idées noires, et suis résolument décidé à parcourir les cinq cent kilomètres et deux jours de route qui me séparent de Cochabamba, ma prochaine destination.
Ma nouvelle volonté va être mise à rude épreuve. Après avoir dormi à Comarapa, une petite bourgade déprimante à mi-chemin, je vis une deuxième journée de route horrible et cumule un nombre insensé de galères. Dès le matin, je roule sur l’une des plus périlleuses pistes de mon voyage. A cause des pluies de la veille, la terre s’est transformée en boue et je manque de tomber plusieurs fois. A midi, je me retrouve avec mon portable volé, une seconde crevaison et une rustine facturée à prix d’or dans un village perdu à 4000 mètres au nom prédestiné, Miseria.
En début d’après-midi au sortir d’une station essence, je pousse pendant une demi-heure jusqu’à un mécano Parkinson qui fait sa capricieuse. Peu après durant une pause, le vent emporte mes gants dans le ravin et je ne récupère que le gauche. En fin d’après-midi, à bout de nerfs, une troisième crevaison et l’absence de rustine me fait craquer. Dans ces paysages déserts et magnifiques, je hurle ma haine au petit démon sadique qui a décidé de me torturer pour venger une bolivienne à l’honneur bafoué.
Après les 12 heures de route les plus dures de mon voyage, j’arrive à Cochabamba de nuit, encore plus à plat que ma roue arrière. Je suis soulagé de rencontrer mon nouveau couchsurfeur, un compatriote qui répond au drôle de nom de Bernie Noel.
Bernie Noël, sisi, comme le personnage du film de Dupontel. Et si comme certains flics boliviens vous en doutez, il vous montrera sa carte d’identité pour le confirmer. Evidemment, vue la perfection du document, pas une seconde vous ne penserez qu’elle a été fabriquée par un faussaire thaïlandais…
Bernie est un mec incroyable, au sens littéral du terme. Il pourrait facilement être le personnage principal d’un film que je crève d’envie de voir : une sorte de mix entre Scarface, Carnets de Voyage, et l’Homme qui voulait vivre sa vie. Ce jeune marseillais a quitté la France il y a cinq ans pour parcourir le monde. Quand au lendemain de notre rencontre, tous les deux sur Parkinson dans les rues ensoleillées de Cochabamba je lui demande comment il a fait pour financer cinq années de voyage, il me répond un mystérieux « j’envoie des cartes ».
J’ai beau essayer, je n’arrive pas à l’imaginer facteur.
Au fur et à mesure de nos pérégrinations en moto à travers la ville, il va m’en dire un peu plus sur lui.
A dix-huit ans, il a déjà quitté l’école depuis longtemps. Il bosse comme couvreur, gagne pas mal de blé en faisant une mission par-ci par là, mais c’est surtout la bicrave qui finance son train de vie. Voila son vrai taf, il le fait bien et il est tellement connu que les jours de vente, les mecs font la queue devant chez lui. Mais ce n’est pas suffisant. Bernie en a marre de la France, il veut tenter un gros coup puis s’arracher. Dans le milieu comme dans la vie, il n’y a qu’une seule manière de se faire des couilles en or : vendre sa propre production.
Avec son meilleur pote, ils commencent tout de suite gros, remplissent les combles de graines et s’improvisent botanistes. Quelques mois de pousse, une seule récolte. Il vendent tout en quelques jours, empochent une dizaine de milliers d’euros et avant que les flics ne s’excitent, ils sont déjà en Australie.
Là-bas, ça devient épique. Ils s’achètent un van et mènent la grande vie. La dope, les meufs, les teufs. En quatre mois ils ont déjà tout fumé, et il faut bien trouver un moyen de continuer à vivre sans rabaisser leurs standards. Ils se mettent à vendre des pilules aux backpackers sur la plage, carottent la bouffe et l’essence dans les supermarchés. Un jour ils découvrent un hôpital abandonné et le démembrent littéralement pendant des semaines pour vendre le cuivre aux ferrailleurs.
Tout le monde a commencé à parler de ces deux Français qui avaient rasé l’Australie pendant des mois. Les mecs étaient devenus des légendes. Là où ils passaient, l’herbe ne repoussait pas. Si vous avez été dans le coin au début de la décennie 2010, vous avez forcément entendu parler d’eux. Si vous y avez été un peu plus tard, vous avez peut-être remarqué qu’à chaque fois qu’un Français entre dans un supermarché il se fait filer par le vigile : c’est en grande partie à cause d’eux.
Après quelques mois de folie, Bernie rentre en France pour taffer un peu. Du biz, quelques missions d’interim pour justifier ses allocs, puis il repart sur la route. Il débarque en Amérique, baroude à droite à gauche et quand il entre en Bolivie, il se rappelle d’une scène mythique de Scarface qui a lieu à Cochabamba et décide que c’est un bon endroit pour se poser. Au moment où je le rencontre il y est depuis six mois, et les cartes qu’il envoie ne contiennent pas des bonnes nouvelles pour ses parents mais de la bolivienne, l’une des meilleures cokes du monde. Il se fournit à quelques heures de là, dans la province du Chapare. Les labos sont directement implantés dans les champs de coca, et la poudre qui en sort est presque pure. Il l’achète pour rien, et la revend une petite fortune en Europe. Après découpage et pertes liées aux contrôles, il fait une plus-value d’environ 1000%. De quoi vivre comme un ministre dans l’un des pays les plus pauvres du monde.
J’avoue que quand il m’a écrit un message la première fois sur couchsurfing pour me dire qu’il aimait bien lui aussi le poker et la moto et qu’il était chaud pour m’heberger, je ne m’attendais pas à ça. De ma vie, je n’ai jamais fréquenté un mec comme Bernie. Nous sommes différents à tous les points de vue : langagier, social, scolaire, « professionnel », moral… Et pourtant malgré toutes nos différences, lui comme moi avons conscience que quelque chose de beaucoup plus profond nous relie : la volonté de ne pas subir nos vies. Ce point, mais également une certaine admiration pour son intelligence émotionnelle et son courage crée en moi un étrange sentiment contradictoire, mélange de réprobation et de fascination, de distance et d’empathie. Il y a quelques chose qui ressemble au Syndrôme de Stockholm là-dessous.
Un après-midi, Bernie m’annonce qu’il doit aller régler un deal. Quand il revient une demi-heure plus tard, il a l’air agité, va directement dans la cuisine, et je l’entends crier « Ah l’enculé il m’a carotté ! ». Il n’avait pas de balance sur lui, et on lui a fourni seulement la moitié de la came. Il ressort régler le problème, et à son retour il n’est pas seul. Il est venu avec le dealer, un bolivien, la quarantaine bien crâmée, grand maigre au visage creusé et à la petite moustache de faux-cul. Le mec ne me revient pas dès le départ, et je suis stressé que Bernie l’ait ramené à l’appart. Ils posent la balance à côté de mon ordi, et commencent leur petit cirque. Bernie qui lui montre qu’il manque cinquante grammes, l’autre qui trouve des excuses de raccroc pour s’esquiver. Il me prend à partie, j’aime pas du tout, je ne veux pas être mêlé à ça. Au moment où je me dis que je ferais mieux de me casser, ça explose pour de bon. Bernie menace de le balancer par la fenêtre, le mec est stressé, met la main dans son sac et menace « tu veux vraiment que je sorte mon arme ?
– Bah vas-y sale bâtard, sors-la ton arme ! (ta gueule Bernie putain !!)
– Tu veux vraiment ??
– Ouais vas-y !! Putain jte jure si tu me donnes pas ma came tout de suite, je vais te buter ! »
Le mec ne sort évidemment pas son arme car il n’en n’a pas. Bernie est chaud comme la braise (il a probablement du essayer la bolivienne avant de la peser) et ne tombe pas une seconde dans le panneau, contrairement à moi qui suis pas loin de m’évanouir. Finalement, le dealer accepte d’annuler la transaction. Il rend l’argent et récupère sa came moins une partie que ce renard de Bernie a réussi à lui piquer. Ouf, c’est terminé.
Je ne suis pas fait pour ce milieu…
Le lendemain, je reçois un coup de fil que j’attendais depuis mon arrivée en ville. Mon contact poker m’invite à venir jouer. Je n’ai aucune idée de qui il est : je ne l’ai jamais rencontré en personne, c’est le pote d’un contact d’un mec sympa avec lequel j’ai joué à Santa Cruz. Ce n’est pas spécialement fiable, mais quand je regarde sur Google Maps l’adresse de la partie, dans les beaux quartiers de Cocha, je me dis que je ne risque pas grand-chose.
Vendredi 20 septembre 2013, 22 heures, j’arrive avec Parkinson dans une rue vide et tranquille. Des rangées de portails fermés derrière lesquels on entraperçoit des maisons cossues, des jardins bien entretenus et de grosses voitures. J’arrive à l’adresse indiquée, sonne et le portail s’ouvre. Je me présente à un jeune gars, début de la trentaine qui me dit de le suivre. Dans la cour, quelques 4×4 et une voiture de sport.
Je ne suis pas tombé chez des clochards…
La maison correspond aux gouts de la bourgeoisie bolivienne. Une façade avec des bow-windows, l’entrée sous un petit toit en tuile supporté par des colonnes doriques. A l’intérieur le carrelage en marbre, les tables recouvertes de nappes en dentelle, les tableaux aux cadres dorés, le lustre et les boiseries partout jusqu’à l’indigestion. Ici on marque sa différence avec le reste de la population en affichant un gout immodéré pour les éléments de culture étrangère. Peu importe que les colonnes soient grecques, les bow-windows anglais, les dentelles belges, le toit japonais, et que l’ensemble soit bling-bling et bordélique, ce qui compte c’est de bien montrer qu’on a de la maille, et qu’on n’est pas comme tous les autres campesinos du pays (littéralement « paysan », au sens figuré les « beaufs »).
Je m’avance dans le salon. Au fond, la table du dîner a été recouverte d’un tapis vert. Le mec qui m’accompagnait et qui se révèle être le croupier me présente au boss. Un bolivien d’une soixantaine d’année (celui que j’ai eu au téléphone) qui me place sur le dernier siège libre. Comme souvent, l’arrivée d’un petit blanc aux yeux bleus déclenche la surprise. Je commence à m’y faire. On me pose des questions, je raconte mon voyage autour du monde ( en omettant que je vis du poker évidemment, c’est pas une très bonne idée en général). Les mecs sont agréablement surpris, m’intègrent rapidement, et je commence à jouer.
C’est une très grosse partie.
Déjà parce qu’il est très rare de trouver une partie privée avec deux croupiers professionels, les boissons et la bouffe offerte. Ensuite car les montants sont équivalents à ceux que je joue en France. Sauf qu’ici, en Bolivie où je salaire moyen est quatorze fois inférieur à la France, je suis sur l’équivalent d’une high stakes. Et comme sur toutes les highstakes que j’ai jouées sur le sol sud-américain (Salta, Tucuman, Ciudad del Este), je m’attends à trouver deux profils de joueurs : les gros poissons et les requins.
Dès les premières mains je repère les poissons. Ils ont passé la quarantaine, sont bien installés dans la vie, le poker est pour eux une activité sociale comme une autre qui leur permet d’oublier le boulot. S’ils peuvent gagner de l’argent c’est tant mieux, mais ce n’est pas leur motivation principale. Ce qui les intéresse, ce sont les émotions du jeu : bluffer, attraper un bon joueur, mettre un bad beat, ou tout simplement passer un bon moment avec des amis qui leur ressemblent. Chacun a son profil, souvent en rapport avec sa personnalité. Les retraités prudents, les ambitieux chefs d’entreprise qui bluffent trop, les avocats, juristes et autres professionnels qui ont appris leur métier après de longues études et qui jouent un poker « scolaire », théoriquement très correct mais prévisible. Des profils caricaturaux, qui demandent des adaptations faciles. Je ne m’inquiète pas tellement.
La grosse surprise de cette soirée, c’est qu’après quelques tours de table, je n’ai toujours pas repéré de requin. Aucun jeune joueur venu d’internet techniquement très bon, pas un seul livetard (joueur de live, en opposition au online) intuitif et psychologiquement aguerri. Après deux heures de jeu, j’en viens à la conclusion qu’il n’y a pas un seul bon joueur à cette table. Je me sens comme le loup au milieu d’un troupeau de neuf brebis. Il est minuit, j’ai déjà triplé mon tapis de départ et je me lèche les babines.
Le récit de cette partie n’a pas un très grand intérêt. A une table facile, toutes les décisions deviennent évidentes, et aucune main ne vaut réellement la peine d’être contée. Ce qui importe, c’est que malgré une poisse incroyable (notamment un énorme pot AAvsAA < QQ pour 850 blindes) je fais un véritable massacre. Au petit matin, j’ai multiplié mon tapis de départ par vingt, et suis passé de 50 à 1000 blindes ! C’est la deuxième plus grosse victoire de mon voyage après celle de Salta. Il est huit heures du matin, j’annonce que je m’en vais.
C’est à ce moment que commencent les embrouilles.
D’abord, ils essaient de me convaincre de rester encore un peu. Réaction naturelle, j’ai rasé la table, et ils ont probablement l’espoir de récupérer un peu de leur gains. Vu qu’il est tôt, que je n’ai pas envie de réveiller Bernie, et que j’ai l’intention de revenir jouer, j’accepte de rester un peu plus, même si je commence à fatiguer.
(la partie verte est un peu technique, comme d’habitude, vous êtes pardonnés si vous la passez)
Quelques minutes plus tard, j’ouvre 77 en milieu de parole (tapis 1000 blindes). Le boss de la partie (tapis 200 blindes) a limpé ( il est entré sans relancer) en début de parole. Je décide de le relancer à 5 blindes. Tout le monde se couche jusqu’à un mauvais joueur prudent en petite blinde qui paye ( tapis 800 blindes). Boss complète.
Flop : As de cœur, 7 de cœur, 9 de trefle ( pot 16)
Bingo!
Prudent check, et Boss décide de miser 10. C’est un joueur très serré, et cette action est pour moi une excellente nouvelle : il a touché ce flop, a probablement un as, et je vais lui prendre beaucoup. Je décide de le relancer tout de suite à 30 pour faire grossir le pot.
Quand la parole revient à Prudent, je suis extrêmement surpris de le voir check/raiser à 85. Boss paie très rapidement, et la parole me revient. J’ai joué toute la nuit avec Prudent, et il n’est vraiment pas le genre à s’envoyer en l’air avec un tirage, surtout avec cette profondeur. Cette action signifie qu’il a au minimum un excellent as, mais plus probablement au moins double paire. Habituellement, un brelan de 7 sur un tel board est une main extrêmement puissante qui vaut la peine de tout mettre, mais ici, j’ai un mauvais pressentiment. La fameuse intuition du livetard je crois. Est-ce sa maniere de balancer les jetons? La rapidité avec laquelle il a relancé? Quelque chose dans son regard? Une posture? Une tension dans l’air? Franchement, je n’en n’ai aucune idée, et pourtant, une petite alarme vient de sonner dans ma tête et me dit de rester prudent. Je décide de simplement payer.
Turn : Roi de carreau ( pot 271 )
Prudent mise 100. C’est petit par rapport à la taille du pot, mais pour lui, je sais que c’est énorme. Boss n’hésite pas longtemps avec d’envoyer son tapis de 125. Je suis quasiment sûr d’être devant Boss qui pour moi a souvent un bel as, du genre AJ/AQ/AK qu’il aurait sous-joué préflop. Prudent par contre m’inquiète de plus en plus. Désormais, j’exclue tout bluff de sa range. Il est incapable de bluffer ou même semi-bluffer autant après avoir été payé deux fois au flop. La main la moins forte qu’il peut avoir est une double paire.
79 et A7 sont improbables car j’ai deux bloqueurs sur le 7. K9 de cœur a du sens mais c’est improbable vu le profil et l’action flop. AA quasiment impossible vue l’action préflop et les profondeurs. Il n’y a en fait que deux mains crédibles : A9 que je bats et 99, brelan supérieur.
J’ai toujours une main un peu trop forte pour abandonner, mais mon mauvais préssentiment est de plus en plus fort… Je décide de payer une deuxième fois et d’aviser selon l’action à la river.
River : 2 de cœur ( pot 666)
Prudent a l’air emmerdé que la couleur tombe. Il réfléchit une dizaine de secondes, mais mise quand même 140. Encore une fois c’est tout petit par rapport à la taille du pot, mais c’est quand même énorme pour lui.
Lorsque la couleur rentre et qu’il mise quand même aussi cher, il ne peut plus avoir double paire. C’est impossible. Il a toujours 99, je suis dégouté.
« Tu as 99 non ? »
Je le vois littéralement sursauter.
« … Euh, non, ahaha !! »
Il a été tellement surpris qu’il n’a même pas eu la lucidité de trouver une excuse. Il a 99, c’est évident.
Je suis battu, et il n’y a que deux possibilités : abandonner ou transformer ma main en bluff en relançant et représentant la couleur. Je regarde son tapis, il lui reste encore environ 400 blindes, et je pourrais parfaitement jouer une couleur de cette manière. Mais prudent est un mauvais joueur, et par expérience, je sais que les mauvais joueurs sont incapables de lacher un brelan, peu importe l’action. Bluffer ici serait une erreur.
Je n’ai donc qu’une seule chose à faire ici, me coucher.
Mais je n’arrive pas à m’y résoudre. Je suis convaincu qu’il a mieux, mais lacher mon brelan de 7 est au dessus de mes forces. Sur le coup, je suis moi aussi très mauvais. Après deux bonnes minutes de réflexion, je paie mourant.
Boss montre AK qu’il a slowplayé préflop et Prudent 99. Je jette mon 77 dépité. Putain, je le savais…
Je vois le gigantesque pot de 946 blindes s’éloigner et décide qu’il est temps de s’en aller avant de tilter. Je rassemble mes jetons : 600 blindes. Ce n’est pas un si mauvais résultat si l’on considère cette dernière main. C’est même une bonne soirée à l’échelle de mon voyage, mais je ne peux pas m’empêcher d’être dégouté. Je me lève, le croupier se lève aussi et me dit de le suivre dehors :
« Ecoute Jonathan, on ne peut pas te payer maintenant. Tous les joueurs se connaissent ici, sont amis, et jouent à crédit, on a pas de liquide dans la maison »
Hmmm, je le sens mal… On discute, je m’énerve un peu, insiste. Au bout de 20 minutes, il cède. Ils vont me payer la moitié aujourd’hui, et l’autre moitié dans deux jours lors de la prochaine partie. Je suis à la fois rassuré et en même temps méfiant. Le simple fait qu’il ait menti quelques minutes plus tôt en me disant qu’il n’avait pas l’argent, puis qu’il ait soudainement décidé de me payer la moitié n’est pas un excellent gage de fiabilité.
Je pourrais insister encore plus lourdement, mais il est 9h du matin, je suis fatigué et seul contre dix. Je n’ai pas d’autres choix que leur faire confiance. Nous rentrons à l’intérieur, il me paie mon dû, j’ai la présence d’esprit de prendre une vidéo de mon stack au cas où. Avec mes 300 blindes dans la poche, je rentre chez Bernie.
Le bougre ne m’accueille pas tout seul. Il me présente la petite bombe tout droit sortie d’un clip de rap qu’il a ramenée la veille. Au moins il y en a qui se sont bien amusés cette nuit… Je lui raconte ma soirée incroyable mais j’omets l’embrouille finale, ça ne sert à rien pour l’instant. Après avoir dormi un peu, il me propose de fêter ma victoire en allant m’acheter mon nouveau téléphone. Nous nous rendons à la Cancha, au sud de la ville, le plus grand marché à ciel ouvert d’Amérique du Sud. Une véritable ville dans la ville, avec son quartier des chaussures, son quartier des guitares, des ampoules, des fruits etc… Il y a absolument tout, et en ce samedi après-midi, j’ai l’impression que toute la Bolivie s’est donnée rendez-vous ici.
Ensemble nous allons au quartier Chinois spécialisé dans les portables… volés ! Nous mettons une bonne heure à nous repérer dans ce labyrinthe, demandons notre chemin aux passants qui nous mettent plusieurs fois en garde « attention c’est dangereux par là bas, surveillez vos poches ! ». Pfff, avec Bernie, rien ne peut m’arriver.
Le quartier Chinois, comme son nom ne l’indique pas, est rempli de Boliviens. Dès notre arrivée, nous sommes assaillis pas des vendeurs à la sauvette qui nous proposent des Iphone 5 et autres Samsung Galaxy S4 à environ 1/3 du prix normal. Je m’arrête devant l’un d’eux et son Galaxy mini S2. Presque neuf, appareil photo en état de marche, toutes les applications, 100$. Une excellente affaire ! Bernie l’observe lui aussi, me dit que ca a l’air valable. Je sors l’argent, le vendeur le prend, me donne le portable puis s’engouffre dans la foule. Je l’ai perdu de vue en deux secondes.
A peine est-il parti que d’autres arrivent et me demandent :
« Precio ? » (Le prix ?). Ahaha ! mais je veux pas le vendre, je viens de l’acheter ! L’un des vendeurs à qui j’avais refusé un Iphone 4 quelques minutes plus tôt arrive et avec un petit sourire me demande :
« Cuanto para tu chinito ? » (Combien pour ton chinito ?).
Le chinito, littéralement le petit chinois, c’est le nom qu’on donne aux contrafaçons chinoises qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à l’original, mais sont en fait une sorte de coquille vide conçue pour ne fonctionner que quelques jours. Ce S2 chinois, il vaut environ 30$ dans les boutiques officielles du reste de la Cancha. Je n’ose pas trop y croire, mais quand nous rentrons à l’appart de Bernie et que je frotte l’inscription Samsung, elle s’effrite aussi facilement que si je grattais un Millionnaire… J’ai réussi à acheter une contrefaçon à trois fois son prix. Je me sens comme un touriste américain dans le souk du Caire…
Le lendemain, la veille de la deuxième partie de poker, je reçois un coup de fil du Boss. Le cauchemar continue :
« On ne va pas te payer.
– Quoi ?? Pourquoi ?! »
Le mec ne s’embarrasse même pas de salades :
« Parce que personne ne te connait ici, que c’est une partie entre amis, et qu’ils refusent de payer un inconnu. Tu n’aurais jamais du jouer avec nous.
– Quoi ?! Mais si vous aviez gagnés mon argent, vous ne vous seriez pas privés de me le prendre hein ! Tu es l’organisateur de la partie, tu dois assumer, je ne partirai pas d’ici tant que je n’aurai pas ma tune.
– Tu insinues quoi ? Que je dois payer de ma poche ?
– Ouais. Je refuse de me faire voler comme ca.
– Quoi ? Tu me traites de voleur ! Ne me manque pas de respect petit con. Cette discussion est terminée.
– Je viens demain soir récupérer ma tune. Je ne sais pas comment ça se passe en Bolivie, mais en France, quand on se fait voler, on a des lois pour nous protéger.
– Il n’y aura pas de partie pour toi demain. Ne t’avise pas de venir. Et ne t’avise pas d’appeler la police atrevido de mierda ».
Il me raccroche au nez et je reste bouche bée. Non seulement je me suis fait royalement entuber, mais en plus il s’est offert le luxe de m’insulter « d’effronté de merde ». Une insulte créative et originale, que je n’ai pas oubliée cinq mois plus tard…
Mon mauvais présentiment s’est réalisé. Et petit à petit, je remets les éléments en place. Je repense au déroulement de la partie, à certaines phrases prononcées, aux nombreux bad beats ( au moment où j’écris cet article, je viens de réaliser que dans le AA vs AA < QQ, c’était Prudent qui avait QQ et qui a pris l’énorme pot de 850 blindes !). Et surtout je repense à ce qu’il s’est passé lorsque j’ai annoncé mon départ à 8h du matin : leur refus, et l’énorme confrontation qui aurait du me couter mon tapis si je n’avais pas eu cette intuition salvatrice.
Je réalise petit à petit…
Je me croyais le loup au milieu des brebis, mais j’étais probablement la seule brebis à table. Boss et Prudent complices, et les croupiers de mèche pour sortir les bonnes cartes au bon moment. Cette partie était truquée dès le départ, ils ont du préparer leur coup avant même de me connaître.
Je me suis fait totalement dominer. Mon orgueil en prend un sacré coup.
Après quelques minutes d’hébétude, je reprends mes esprits. Le premier sentiment qui arrive est puissant : la haine. Cet enculé va me le payer, je vais me venger. Dans un premier temps, l’humiliation me fait envisager les solutions les plus folles : aller le tabasser, brûler sa caisse, taguer sa porte, balancer de la merde sur sa façade. J’en parle à Bernie qui comprend de suite l’affaire. Il est presque plus énervé que moi, je le sens chaud bouillant. Il me propose d’aller ensemble récupérer la tune. Le voir aussi excité me fait reprendre mes esprits : je refuse. Avec Bernie en copilote, la situation va devenir incontrôlable en un instant. Il se propose d’y aller seul, je refuse également.
J’abandonne vite les solutions violentes, je suis bien trop gentil pour ça. Je considère une vengeance plus civilisée, historiquement et culturellement plus française : les balancer. Après tout, le poker est illégal en Bolivie. A Santa Cruz, on m’a raconté des histoires d’organisateurs qui sont allés en taule lorsque leur partie privée a été dénoncée. Je n’ai pas de photos de leurs visages, mais j’ai plusieurs vidéos avec leur voix, une plaque d’immatriculation, mon stack avec le tshirt du croupier etc… J’ai pas mal d’éléments pour les mettre vraiment dans la merde.
J’y réfléchis sérieusement. Tellement sérieusement que j’envoie un SMS à Boss et au croupier : « Si je n’ai pas ma tune à 20h, je vais chez les flics ».
En attendant, je demande conseil à des joueurs de poker Français sur Internet. Surprise. Absolument tous, sans exception me disent de lâcher l’affaire, et leurs arguments sont percutants. Ils me font comprendre que je suis seul ici, probablement facile à retrouver. En Bolivie, particulièrement à Cochabamba, haut lieu du narcotrafic international, il vaut mieux que je n’entre pas en confrontation, et encore moins avec des gens puissants. Je ne sais finalement pas du tout qui sont ces mecs, comment ils se sont enrichis, ni ce dont ils sont capables. Ils me disent à raison que souvent dans ce genre de parties, les flics sont déjà au courant, et protègent le boss en échange d’une commission. Ils insistent sur le fait que seul Français au milieu des Boliviens, ma parole ne vaut rien. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Suis-je prêt à risquer ma vie pour quelques centaines de dollars ?
Une gifle salvatrice.
C’est dur à accepter mais ils ont raison. Grâce à eux, je prends conscience de l’incroyable fragilité de ma situation : un jeune étranger voyageant seul à moto dans un pays aux lois instables. Je suis une cible parfaite pour un scam (arnaque)… Cinq mois plus tard, je réalise à quel point j’ai été chanceux que cela n’arrive qu’une fois.
A 20h, l’ultimatum est passé, mais je ne vais pas chez les flics. Le lendemain, au moment où je sais qu’a lieu la partie, je résiste à la tentation d’y aller pour tenter un coup de Trafalgar. J’ai pris la seule décision valable : m’asseoir sur mon orgueil, accepter de m’être fait pigeonner, et mettre les voiles.
Au poker, il existe des situations inextricables où quelque soit l’action que l’on effectue, on sortira perdants. On les appelle les setups. La main que j’ai jouée l’autre soir était un setup. La seule manière de m’en sortir aurait été de suivre mon intuition, et de me coucher lorsqu’il en était encore temps. Dans la vie, il nous arrive parfois de nous retrouver dans des setups. Savoir repérer ces moments, être capable d’évaluer que les rapports de force sont en notre défaveur et ne pas être aveuglé par notre égo permet d’arrêter les dégâts avant qu’il ne soit trop tard. Je suis arrivé en Amérique du Sud le sourire aux lèvres, à la fois naïf et trop sûr de moi. Il m’a fallu quelques centaines de dollars et une petite humiliation pour ouvrir les yeux. Pas si cher payé finalement quand on imagine ce à quoi j’ai échappé…
Mercredi matin, je fais mes adieux à Bernie. La pire semaine de mon voyage vient de se terminer. Je quitte Cochabamba la queue entre les jambes. Désormais il faut oublier.
Ce soir, je serai à La Paz, la capitale de la Bolivie.
Une nouvelle aventure commence…
Il est temps de faire connaitre le World Poker Trip ! Si mes histoires vous plaisent et que vous voulez continuer à les lire, likez et partagez ! La popularité du World Poker Trip a une influence directe sur sa durée… Merci !
article suivant : 22. La Paz
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Oh my god, quelle histoire
Evidemment qu’il fallait se sauver!
Tu comptais vraiment rappliquer chez des boliviens pour récupérer 300$??
Non mais au secours quoi…!
haha facile a dire 5 mois plus tard! Aujourd’hui ca me parait evident que c’etait une mauvaise idée, mais sur le coup, sans recul, avec l’humiliation et sans avoir tout compris, non c’etait pas facile 🙂
C’est parfait pour un blog une telle histoire. Bon, c’est vrai, un peu moins pour l’orgueil. 😉 T’avais cavé combien ? Parce que tu repars avec 300 blinds, c’est pas trop la carotte ça, non ?
cavé 50bb
je repars avec 300, mais ils m’ont quand meme carotte 700 blindes! (la triche+ la motié du benef restant)
Et oui, c’est une belle histoire, mais bon, hein…
Génial, je découvre ton blog que aujourd’hui et je commence par ce post !
Effectivement, je pense aussi que tu as pris la bonne décision et que le jeu n’en valait pas la chandelle… L’ego ça va ça vient et tu te referas une prochaine fois. En tout cas j’ai passé un excellent moment à lire ton récit et guetterai avec impatience tes prochaines aventures !
Incroyable ce texte, j’adore.
J’ai commencé à te lire pendant mes pauses de révisions et ce soir, j’ai bossé pendant mes pauses de lecture du blog…! Je ne lis pas dans l’ordre mais la Bolivie me passionne.
Tu es un très fin analyste de la psychologie des personnes que tu rencontres et les récits des parties de Poker sont captivantes (ouai, même pour les filles comme moi qui savent à peine que quinte>brelan>paire). En plus de ton écriture riche et agréable, j’aime voir comment tu ressens les gens; le fil conducteur, pour moi, c’est ton extrême sensibilité sociale.
Avant de constater que tu es un naïf/confiant/inconscient du danger dans cet article (à ne pas prendre pour une insulte 😉 lol), je comptais te demander ce que tu penses d’une fille qui part seule en Amérique du Sud ? Tu « confirmes » malheureusement mes doutes sur la safety de ces pays et du couchsurfing (contrairement à d’autres récits de voyageurs qui « banalisent » totalement le potentiel danger de ces pays).
Bon, aussi, tu vas dans la gueule du loup pour jouer mais au moins tu vis la réalité du pays sans filtre « touriste ».
Profite bien de la suite, fais attention à toi & win !!!
Hello, j’étais passé à côté de ton commentaire!
Merci pour les compliments, et je suis content que tu aies compris que le fil conducteur du world poker trip, c’est finalement moins le poker que les rencontres.
Je suis un peu en peine de répondre à ta question. En voyage, que ce soit en Amérique du Sud ou n’importe où, j’ai toujours pensé qu’on était responsable des attitudes qu’on génère. On est tous confrontés aux mêmes genres de situations potentiellement dangereuses, et c’est notre manière de les gérer qui permet de les désamorcer ou non. Du coup, c’est difficile de dire si être une fille seule en Amérique est dangereux dans l’absolu ou non. Tout dépend de ton attitude. Oui l’Amérique du Sud est un continent ultra machiste, et tu vas être confronté à pas mal de regards libidineux, des réflexions plus ou moins déplacées, mais d’un autre côté si tu es un peu maligne tu vas pouvoir tirer profit du fait que tout le monde va vouloir te draguer pour obtenir des choses que moi en tant que mec je peux pas avoir ( trajets ou entrées gratuites, pas de problemes avec les flics etc.). Donc je te dirais que si tu as déjà voyagé avant, que tu as un peu de caractère, ca ne pose pas spécialement de probleme.
Pour ce qui est du couchsurfing, ca fait bien longtemps que le site est devenu un peu plus que juste un échange culturel désinteressé. La encore, il te faudra être vigilante sur les profils que tu choisis, mais globalement sur le site les mecs sont éduqués, et le pire que tu risques à priori c’est une drague un peu relou.
Bonne chance!
Allez, je te dis ce que je pense là tout de suite ;-)… J’ai l’impression de faire une petite virée avec ma fiancée dans le sud de la France en comparaison avec ton aventure de malade! ;-)… (c’était plus fort que moi, je n’ai pas pu m’empêcher de faire des comparaisons, bien qu’on recherche tous des choses différentes à travers de tels voyages…). Après le livre début 2015 tu prévois un film? 😉
Sinon pour en revenir à ton récit, tu as évidemment pris la bonne décision! Mais j’ai simplement de la peine à imaginer ce que j’aurais fait à ta place… Je veux dire, tu venais de quiter une fille qui comptait évidemment beaucoup à tes yeux; tu venais de passer plusieurs jours chez ton host couchsurfing dealer impulsif (l’arnaque du téléphone en devient presque banale 😉 )… Franchement, chapeau d’avoir gardé ton sange froid et d’avoir si bien lu cette situation presque impensable!
Je ne pense pas que la partie était truqué, sans ça, jamais c’est un cœur qui sort à la river, mais plutôt une brique abominable, genre 3 de club.
T’es juste tombé sur des mauvais joueurs, qui ont pas accepté de voir le petit blanc les défoncer.
Et puis, monter une arnaque avec deux croupiers et tout, tout ça pour te soutirer 50 blindes… Heu, vu la gueule de leur maison et de leurs bagnoles, je ne vois pas l’intérêt…
Au moment où le setup a lieu, on est 1000 bb deep, c’est à dire vu les blindes environ 20 SMIC bolivien, donc si tu vois pas l’intéret…
Apres, meme si c’est contre intuitif, ca me parait pas aberrant de faire rentrer la flush river pour induce un shove de ma part, ou tout simplement pour ne pas trop éveiller les soupcons…
Nan, mais s’ils veulent te plumer, je pense qu’ils te laissent jamais monter à 1000bb deep… Car là, c’est leur argent qu’ils essayent de récupérer, pas le tien.
Moi je pense que t’as pas eu de chatte, et que t’es tombé sur une belle bande de c*****s !
Après je joue jamais en live (je suis jouer pro online), mais le setup contre le gros nit, j’en vois tous les jours sur mes tables, sans pour autant crier au complot 😉
Et s’ils étaient pas cons, ils auraient filés l’overset à un gars bien loose, pas à la plus grosse serrure de la table 😉
Cela doit être incroyable de jouer au poker aux 4 coins du monde. Une vraie aventure humaine !
Cela doit être incroyable de jouer au poker aux 4 coins du monde. Une vraie aventure humaine ! Même si des setups pareils viennent pourrir le voyage…
il pleut à verse. Je me souviens que j’ai lu « terre battu » hier soir…Trop gros, passera pas … A une semaine de Roland Garros! terre battue… obv